EN LORRAINE :
UN LEGUME-FRUIT VENU D'AILLEURS

La tomate est depuis fort longtemps un légume-fruit accessible aux peuples des contrées méridionales. Dès son introduction par les espagnols et les portugais qui la découvre en Amérique Centrale au XVIè siècle, elle est employée dans l'alimentation : frite dans l'huile, salée et poivrée. Elle se multiplie avec une telle vigueur dans les pays méditerranéens que leurs habitants ont peine à croire à son origine mexicaine.

Dans le nord de la France au contraire, elle reste longtemps suspecte. On la tient pour un poison à cause de sa parenté avec d'autres solanées dangereuses. Jusqu'à la fin du XVIIIè siècle, elle est classée parmi les plantes d'ornement. C'est la fête de la fédération en 1793 qui la fait connaître comme aliment. Les Fédérés marseillais la réclament et seuls les cuisiniers, de la même origine savent l'accommoder ! La culture de la tomate à des fin alimentaires débute lentement dans les régions maraîchères aux abords des villes, Metz et Nancy en particulier, et dans les jardins de quelques amateurs éclairés vers le début du XIXè siècle. On situe généralement le début de la consommation chez les " bourgeois ", des sauces, assaisonnements à la tomate et tomates farcies vers les années 1870.

 

L'arrivée des italiens dans le " Pays-Haut " sidérurgique, dès 1890, contribue largement à introduire sa culture et son usage parmi les gens du cru. La tomate s'installe en force dans les jardins ouvriers, dans les magasins " di prodotti italiani " et sur les charettes des petits marchands ambulants, italiens aussi.

Pourtant, la tomate, avant 1914, n'est pas encore devenue une plante potagère banale, elle reste souvent une curiosité dont on se méfie encore. La guerre de 1914-1918, contribue largelent à répandre sa consommation hors de régions industrielles. Les soldats méridionaux en repos à l'arrière du front en Meuse ou dans les Vosges, en indiquent la culture et les manières de l'accommoder aux villageois. Lorsqu'ils vont en permission dans le sud, ils rapportent parfois quelques semences ou pieds à repiquer. Ce n'est qu'entre les deux guerres mondiales que la tomate aquiert vraiment droit de cité dans de nombreux jardins lorrains, là où le climat se prête à son mûrissement.

Claude Thouvenot

 

              

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